M. Pulicari est responsable des formations tourisme et hôtellerie au CFA Stephenson en partenariat avec l’université Panthéon-Sorbonne (PARIS I). Cette interview a été réalisée le 15 mai 2012, dans le cadre de l'écriture d'un article sur la licence professionnelle. L'objectif ? Recueillir le point de vue des équipes pédagogiques sur cette formation.
La licence professionnelle peut être envisagée sous deux visions complémentaires :
Un outil de professionnalisation pour un public large : l’objectif est de professionnaliser et d’insérer rapidement les jeunes sur des métiers intermédiaires, avec un enseignement universitaire et professionnel.
Un outil de spécialisation : la licence pro est un outil de spécialisation ou de développement d’une double compétence pour des jeunes qui sont déjà dans un parcours professionnel.
Un des atouts majeurs est la professionnalisation. Tout en gardant le caractère universitaire des enseignements avec un très bon niveau d’analyse et de réflexion, il y a aussi un apport professionnel, technique et de terrain.
La vocation de la licence pro, c’est avant tout l’insertion professionnelle, et plus précisément insérer les jeunes dans les entreprises sur des postes intermédiaires.
Nous ne proposons pas aujourd’hui de licences professionnelles à temps plein. Si tel était le cas, il pourrait y avoir une grande place laissée au stage, ce qui rendrait la formation fortement professionnalisante.
Ce phénomène est assez logique : la France a mis beaucoup de temps à intégrer les accords de Barcelone qui nous placent sur une logique LMD [ndr : Licence-Maîtrise-Doctorat] en termes de formation en Europe, avec des crédits européens.
Je pense aussi réellement qu’il y a un besoin pour les formations courtes de se spécialiser ou de gagner en maturité. Les entreprises étaient réticentes au départ sur la licence, mais aujourd’hui, en termes de compétences, c’est à un niveau qui me semble opérationnel et efficace.
Lorsque l’on est simplement dans une logique de poursuite d’études, l’intérêt peut être réduit. Effectivement, nous avons une majorité de jeunes qui pourraient rentrer directement sur le marché de l’emploi après un BTS ou un DUT, qui se dirigent vers une licence pro sans pour autant être assurés par la suite d’un meilleur avenir professionnel.
Ainsi, nous mettons en garde ces jeunes qui, après un BTS par exemple, auraient une opportunité d’emploi, car vous n’avez pas la garantie qu’après avoir fait la licence professionnelle, vous trouverez un meilleur poste. On peut même avoir un emploi qu’on vous propose déjà à Bac+2.
La licence professionnelle est aussi maintenant utilisée comme un tremplin vers les masters, ce qui n’est pas sa vocation.
Il y a enfin un manque de visibilité de la part des jeunes et des entreprises. La licence professionnelle reste encore assez méconnue.
Il vaut mieux choisir l’insertion professionnelle aux diplômes ! S’il veut vraiment obtenir un niveau licence, il existe d’autres dispositifs, notamment la VAE.
La sélection passe par le portail des universités. La formation est ouverte à tout bac+2. Nous sélectionnons sur dossier dans un premier temps, puis dans un second temps sur tests et entretiens.
Dans le domaine du tourisme, nous recherchons des candidats qui ont déjà de l’expérience dans le domaine, qui ont déjà un « profil tourisme ». On les retrouve dans les BTS tourisme et les formations commerciales.
Dans le domaine de l’hôtellerie, nous essayons d’avoir un public beaucoup plus large : BTS, DUT, licence (LEA ou économie par exemple).
Pas particulièrement. Nous faisons attention au niveau scolaire des candidats pour leur permettre de suivre les cours de licence, mais aussi au potentiel et à leur capacité à entrer dans une entreprise dans le cadre de l’alternance.
Oui, la plupart des licences sont ouvertes à la formation continue (pour adultes).
Assiduité, ponctualité, endurance et organisation sont des compétences primordiales. De plus, tout le monde n’est pas prêt pour faire de l’alternance : dans le monde du travail, il faut une maturité professionnelle ou un potentiel de maturité professionnelle suffisant.
Enfin, sur un niveau de poste intermédiaire, il faut un potentiel d’analyse, de réflexion, de recul et d’autonomie.
Il y a une organisation sous forme de groupes (environ 25 personnes). Les cours se déroulent en classes, en TD par demi-groupe, et en amphi. Nous recherchons un bon équilibre entre enseignement universitaire, technique et professionnel.
Il est de deux jours en formation et de trois jours en entreprise, avec quelques semaines de regroupement.
Par rapport à des formations de types BTS, il y a moins de pression à l’examen. En BTS, les élèves auront travaillé deux ans et passé toutes les épreuves en une semaine. Tandis qu’en licence, l’évaluation est faite par les professeurs. Il y a moins de pression à l’examen, par contre la difficulté réside dans le mémoire.
Nous constatons depuis 2-3 ans, un taux de poursuites d’études de plus en plus important après la licence pro, mais je ne suis pas sûr que cela apporte vraiment un plus. Poursuivre en master me semble éloigné de la vocation de la licence professionnelle.
65 % des apprentis avaient eu une promesse d’embauche avant même la fin de la licence pro. 10-15 % de jeunes souhaitaient partir à l’étranger, et 10-15 % poursuivaient en master. L’année dernière, il y a eu une augmentation de 10 % pour la poursuite en master (25 %).
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